La vision d’origine était que le DDMRP – méthodologie de gestion des flux et stocks – n’avait pas besoin de prévisions pour fonctionner. La réalité est un peu plus nuancée. Éléments de réponse avec Jérémy Catteloin, ingénieur expert en management des supply chains chez BEVOLTA.
« Dans un outil DDMRP, le calcul du besoin se base sur les commandes en portefeuille. Toutefois les objectifs de niveaux de stocks – c’est-à-dire le niveau des buffers – peut éventuellement être calculé sur la base d’une prévision lissée sur un certain horizon (ou pas, selon le mode de paramétrage du buffer en question).
On peut donc se baser ou s’affranchir complètement des prévisions, ce point est généralement arbitré en phase projet. Il est possible de revenir dessus par la suite si cela s’avère nécessaire. Le plus important est qu’on utilise les prévisions là où elles sont le moins fausses, notamment pour dimensionner les objectifs de stocks, couche par couche (dans le buffer), sur un horizon de temps donné, sans aller à la virgule près, en étant finalement assez robustes par rapport aux petites erreurs de prévision qu’il peut y avoir d’une semaine sur l’autre ou d’un jour sur l’autre. Et rester globalement juste.
Dans le DDMRP, le calcul du besoin d’aujourd’hui se base sur les commandes en portefeuille aujourd’hui, tandis que dans le MRP classique le calcul de besoin d’aujourd’hui se base sur la prévision qui avait été faite il y a quelques temps. On comprend immédiatement la plus forte marge d’erreur du système MRP !
Dans le DDMRP on va calculer la CMJ – la consommation moyenne jour – de manière plus lissée dans la mesure où on prend en compte la réalité des commandes de la semaine pour calculer les besoins de cette semaine, tandis que dans le MRP il existe une variabilité plus forte, qui devient de plus en plus fausse à mesure qu’on remonte dans la nomenclature. Ce qui fonctionne sur un produit fini s’avère ainsi complètement faux en amont de la nomenclature.
En lissant, la méthodologie DDMRP garantit plus de stabilité. Or c’est clé pour un système industriel. Cela permet d'éviter l’effet guirlande de Noël avec du « stop & go » permanent et un « bullwhip effect » (effet coup de fouet) plus fort.
Avec les buffers on atténue, on absorbe, bref on maîtrise mieux la variabilité de la supply chain. »
Propos recueillis par Ghislain Journé