On connaît Clarins, la marque emblématique présente dans 130 pays, célèbre – entre autres – pour ses soins anti-âge. Le groupe, qui revendique un rôle de pionnier en matière de beauté naturelle et de développement durable – il vise une labellisation B Corp en 2023 – génère un chiffre d’affaires de 1,7 milliards d’euros.
Facette moins connue de ce fleuron de l’industrie cosmétique française, son organisation industrielle et logistique bien huilée, tournée vers l’exportation – 93% des produits de la marque, conçus et fabriqués en France, sont exportés. Pour optimiser ses flux supply chain le Groupe a choisi une solution innovante inspirée du Lean Management, développée par la startup française BEVOLTA.
Rencontre avec Sébastien Besson, Responsable de la Logistique Industrielle et Julien Leclercq, Supply Chain Manager.
- Cela fait 7 ans que Clarins a adopté la solution BEVOLTA « Supply Chain Agility ». Pour vous qui fonctionniez, comme tant d’autres entreprises, avec la méthodologie traditionnelle MRP – Material Requirements Planning – quel a été l’élément déclencheur pour adopter cette nouvelle approche inspirée du Lean, davantage tournée vers la demande réelle ?
Sébastien Besson – Il y avait une vraie conviction de la direction de Clarins que l’approche Demand Driven (DDMRP) était l’une des réponses nécessaires à une époque bien résumée par l’acronyme VUCA (Volatil, Uncertain, Complex, Ambiguous) et cette conviction s’est depuis renforcée. Concrètement, sur les produits finis nous avons beaucoup de variabilité et nous sommes aujourd’hui clairement moins embêtés sur les références qui sont couvertes par les buffers – l’un des dispositifs clés de la méthodologie Demand Driven, dont l’objectif est d’atténuer les conséquences de la variabilité de la demande sur la chaîne de valeur.
Julien Leclercq – Avec le MRP nous n’arrivions effectivement pas à couvrir la variabilité de la demande, donc nous avons choisi un outil qui permettait de s’y adapter. En cela nous avons été activement accompagnés par Zahir Bouchaala (le CEO de BEVOLTA) à la fois dans la découverte de l’outil et de la méthodologie DDMRP. La relation de confiance qui s’est alors nouée et l’accompagnement de BEVOLTA ont fortement contribué à l’adoption de cette nouvelle solution chez Clarins.
- Quels principaux gains de performance observez-vous ?
JL – Sur les produits finis les références gérées en DDMRP sont clairement moins en tension. Le nombre de références en zone verte, donc bien gérées, sont en amélioration constante alors que le niveau de stock baisse.
SB – Il y a effectivement un gain de performance et un gain de confiance. Étant précisé que nous avons souhaité pouvoir déployer BEVOLTA tout en conservant la possibilité de calcul MRP via notre ERP historique Infor M3. BEVOLTA avait un connecteur adapté qui permettait justement une connectivité entre les deux systèmes BEVOLTA et M3.
Concrètement, si on décide qu’un article géré en MRP est calculé par INFOR M3, alors BEVOLTA récupère le résultat au sein d’Infor M3, si en revanche on calcule en DDMRP c’est BEVOLTA qui envoie le résultat à M3. En d’autres termes c’est l’outil « maître » sur sa méthodologie qui envoie son calcul.
En définitive les approvisionneurs travaillent principalement sur BEVOLTA qui consolide l’ensemble des données et reste l’outil principal de travail sur la gestion des besoins.
- Vos opérateurs se sont-ils facilement appropriés BEVOLTA ?
SB – En comparaison avec un outil standard de type M3, il n’y a pas photo ! Même si les paramétrages en amont requièrent une certaine expertise, j’entends qu’ils ne peuvent pas être réalisés par les approvisionneurs. Pour cela on a pu compter sur BEVOLTA pour trouver les bons paramétrages et affiner les calculs DDMRP.
JL – Nous sommes également séduits par l’ergonomie de la solution, sa facilité d’utilisation et les simplifications qu’elle nous a apportées en termes de paramétrage sur l’ensemble des références gérées en buffer. Il y a aussi la souplesse de cette solution qui a beaucoup évolué depuis que nous l’avons mise en place, pour répondre toujours mieux à nos besoins spécifiques.
- Sur quel scope la solution est-elle déployée aujourd’hui ?
JL – BEVOLTA est déployée sur notre unique usine en France, sur la partie distribution il est prévu de la déployer pour notre nouveau hub en Italie pour gérer l’approvisionnement en provenance de l’entrepôt central. Le plan de développement prévoit ensuite un déploiement de la solution sur les produits finis vers l’ensemble de nos filiales de distribution. On n’utilise pas encore la solution à son plein potentiel sur cette partie, on est en train d’avancer bloc par bloc, mais nous aurons le plein potentiel lorsqu’elle sera déployée sur l’ensemble du réseau de distribution.
- « Clarins, l’entreprise 100% RSE » titrait Paris Match dans un article paru en novembre 2020. Dans une interview récente, votre Directeur Général Olivier Courtin-Clarins soulignait « dans toutes nos discussions, avec tous nos départements, nous demandons de considérer la durabilité au cœur de toutes les décisions ». Le critère environnemental faisait-il partie des critères dans le choix de la solution BEVOLTA ?
JL – Honnêtement, non. À l’époque on recherchait surtout l’optimisation des coûts logistiques, un meilleur taux de service, une réduction des stocks. Il est néanmoins manifeste que la solution a eu également un impact positif sur notre empreinte carbone dans la mesure où nous sommes moins confrontés à des situations d’urgence dont on sait qu’elles ont un lourd impact sur les émissions de CO2. Enfin dans la mesure où BEVOLTA vise le « zéro quantité restante » il y a moins de gaspillage. C’est un bénéfice non négligeable.
Propos recueillis par Ghislain Journé.
Photo principale : siège de Clarins à Paris, porte des Ternes (17ème).